Eh oui, voilà 10 ans que je surf sur la banquise logicielle.
10 ans que j’utilise, avec bonheur, Linux.
Ça fait un p’tit bail; de quoi faire une brève retrospective.
Été 1998, j’ai ressenti le besoin d’avoir mon propre ordinateur. Puisqu’à l’école les postes et applications ne tournent que sous Windows, le choix Macintosh a été écarté d’office.
Mais bon… le DOS et Windows ne m’ayant jamais attiré, je n’allais pas laisser tout un disque (4 Gb c’était gros, à l’époque) pour un bout de carreaux sales.
J’avais entendu parler du système au manchot depuis quelques temps et avais décidé de tenter une migration MacOS => Linux, malgré mes camarades de classe qui me le déconseillaient vivement (« Tu ne connais même pas le DOS, tu n’y arrivera jamais! »).
Le PC avait été acheté grâce à un job d’été. C’était un petit monstre pour l’époque:
- Intel Pentium II 233 overclocké à 300 MHz
- Carte mère Asus P2B
- 64Mb de ram à 100MHz
- Carte son ISA SoundBlaster 64
- Carte graphique Matrox Millenium G200 avec 8Mb de ram
- Disque dur Seagate 4Gb
Le tout affichait sur un écran Belinea 105035 de 15″ la résolution confortable de 1024×768, et était utilisable en 1152×864.
Ma première opération a été de formater le disque pour en allouer la moitié à Linux (j’avais trouvé, dans un supermarché, une boite MicroApplication contenant un feuillet d’une 20aine de pages – les instructions d’installations sommaires – et 3 CD dont un de sources; c’était une distribution RedHat 5.0, noyeau 2.0.36 si je me rappelle bien)
Première déconvenue, le magasin a omis de me donner les pilotes pour Windows avec le PC, résultat, l’affichage est limité à du 640×480 et je n’ai pas de son).
De son côté, Linux s’est installé sans problèmes… mais ne peut pas afficher plus que du 320×240 ! => les cartes Milleniums G200 n’étaient pas encore supportées.
En somme, après cette première installation, c’était le match nul entre Linux et Windows… En revanche, l’installation de Linux m’a appris des choses sur le fonctionnement du système et celui de l’ordinateur quand celle de Windows m’a juste gavé de pubs vantant les avantages du produit en cours d’installation (et donc, déjà acquis).
Peu de temps après, SuSE sort une version du serveur graphique supportant ma carte Matrox.
Un petit téléchargement suivit d’une commande d’apparence cryptique, mais finalement assez simple (rpm -Uvh nom_du_paquet) et de la configuration de l’affichage m’ont permis de relancer une session graphique correcte, 1152×864 en 32bits. Waouh!
Et déjà, les choses changent, j’ai vraiment le choix de l’apparence qu’aura mon bureau, de son comportement et je découvre le bonheur des bureaux virtuels.
J’essaye FVWM (trop proche de Windows dans sa configuration sous Redhat) TWM (trop épuré) et, enfin, Afterstep qui me convient beaucoup mieux.
J’apprécie son « Warf », ses modules, le menu principal sur la souris.
Si je commence vraiment à me faire à ce système (en tant qu’utilisateur simple), ce que j’apprécie surtout, c’est que mon environnement logiciel se fait à moi; ce n’est plus lui qui dicte sa loi.
Les mois passent, ma curiosité pour les systèmes d’exploitation est maintenant bien présente.
Je lis quelques mensuels tels que « Dream » (qui deviendra « Login » avant de disparaître) et décide de m’essayer à BeOS avec une R4 achetée sur Internet (Le système complet, installable sur i386 et motorola PPC 603, et l’envoi depuis les USA me revenait moins chère que la version OEM de Windows 98). Là, c’est comme une révélation, cet OS me montre ce que les ordinateurs du moments sont capables de faire. Malheureusement, l’aventure BeOS sera de relativement courte durée, le manque d’applications provoque un manque d’utilisateurs, Be inc. ne peut pas se maintenir et le système n’est bientôt plus compatible avec les nouvelles machines. Encore maintenant, je regrette cette période, surveille l’évolution de Haiku-OS et rigole doucement quand ont voit les « avancées spectaculaires » des deux ténors du marketing informatique (pomme et fenêtre). Je n’ai pas encore retrouvé la réactivité de ce système.
Entre temps, je n’avais pas lâché linux, pas plus que ma curiosité, j’ai donc aussi testé QNX, qui était impressionnant en version « DemoDisc », une simple disquette de 1.44Mo comprenant un système graphique, un navigateur internet, un jeu et un gestionnaire de fichiers ! Nettement moins impressionant en version installable sur CD, j’avais des performances excecrables sur mon poste.
En 1999, je me prend un nouveau PC, moins performant, mais entièrement dédié à Linux; je garde l’autre pour la simulation de vol. A ce moment, j’avais testé d’autres distributions Linux basées sur le système RPM (SuSE et Mandrake) mais je revenais à la RedHat que je connaissait mieux, dont je préférais l’installeur.
C’est aussi en 1999 que j’abandonne RedHat pour m’essayer à la Slackware (en version 7), une distribution qui m’aura accompagné quelques temps (et que je retrouverai peut-être prochainement). J’en apprécie la clareté des fichiers de configuration et le fait qu’il faille mettre les mains dans le cambouis; ça aide à mieux comprendre le système (même si je reste un utilisateur basique).
En 2002, je me met à la Debian 3.0 (on m’avait dit que c’était une distribution pointue mais très agréable à maintenir, comme on m’avait aussi dit que je n’arriverai jamais à installer Linux, je me suis lancé :p ). C’est vrai, c’est bien une distribution agréable à maintenir et à utiliser.
Puis j’ai tenté la Gentoo… jamais vraiment jusque au bout, j’aurai voulu une stage1 (tout compiler) mais ça prend trop de temps; alors je suis revenu à Debian, utilisant même Ubuntu (ou Xubuntu) sur mon portable.
Aujourd’hui, je n’utilise plus que Linux, chez moi (à l’exception des scans de photos, mon Nikon LS 50 n’étant pas supporté sous Linux, j’ai du garder une partition Windows dédiée).
Voilà donc 10 ans que je suis un heureux utilisateur de Linux et des logiciels libres, les choses ont évolué, les installations grand publique permettent moins d’apprendre sur le système. Les outils d’administration graphiques masquent une grosse partie de l’OS et c’est parfois domage… c’est le prix de la popularité, sans doute; le XML a, en partie, remplacé les fichiers plats (texte) mais, d’un autre côté, de plus en plus de matériel est supporté et ça, c’est une très bonne chose.